Qui suis-je ?

D'aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie reliée à ceux qui croisaient ma route, dans une attention particulière. Je sentais ce fil invisible, cette trame qui nous connecte. J’aimais plonger dans le regard de l’autre et le rencontrer vraiment, dans cet espace où s’exprime notre humanité, où nous pouvons nous rejoindre. 

 

Très tôt, j’ai porté un regard particulier sur la beauté qui nous entoure. S’en sont suivies des études artistiques et un métier : celui de designer graphique, en agence de publicité et dans le secteur de la mode luxe. Un parcours créatif épanouissant qui a duré 20 ans. Puis, j’ai commencé à toucher le manque de sens. Que se passerait-il, si à l’aube de quitter ce monde, je me retournais sur mon parcours ? Que pourrais-je répondre à ces questions essentielles : Comment ai-je aidé dans ma vie ? Comment ai-je aimé ?

 

Comme le « hasard » fait bien les choses, je me suis retrouvée à plusieurs reprises, presque malgré moi, à accompagner des personnes en fin de vie et des proches en deuil. Il y a eu cet homme, Simon. Sa rencontre a été le point de bascule. Atteint de la maladie de Charcot, je l’ai accompagné comme on accompagne un ami, les deux dernières années de sa vie. Nous partagions un regard commun sur le monde, dans cette intensité particulière. Nous échangions des lectures, des questionnements philosophiques. Quand la parole n’a plus été, le regard suffisait. Quelle belle complicité ! Le jour de ses obsèques, j’ai écrit un long message pour sa famille. Je suis allée rencontrer sa maman, écrasée par le chagrin. Quand elle a fait le rapprochement entre le message et son auteur, son regard a changé. « C’est vous ce message ? Si vous saviez comme il nous a aidés à traverser cette journée ! » Elle m’a serré dans ses bras. C’est à ce moment précis que le temps s’est arrêté. Un instant de grâce, lumineux. La vie venait de me charger d’une mission. Les mots sont si puissants ! Ils sont un baume sur la douleur des vivants. Pour la première fois je crois, j’étais à ma place.

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Une autre personne m'accompagne et a inspiré ma reconversion. Ma grand-mère, ma Mamilô. Elle était bénévole en soins palliatifs de son vivant et très croyante. Quand j'avais environ dix ans, nous avons longuement parlé du jour où elle quitterait ce monde. Elle m'a fait promettre de venir lui dire au revoir devant son cercueil. Bien des années plus tard, j'ai tenu ma promesse. Je n'avais encore jamais vu un corps sans vie. Je me suis approchée lentement et quelque chose d'indicible, de lumineux, a éclaté en moi : une joie profonde de la savoir libre et enveloppée d'amour. Ma foi est née ce jour là, une porte s'est ouverte. 

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Au fil des années, ma spiritualité a grandi et m'a conduite à porter un regard plus profond sur le sens de l'existence humaine. Fille d'une maman bouddhiste en voie de devenir nonne, soeur d'une femme dite "médecine" dans la tradition chamanique amérindienne et bercée par la foi chrétienne de ma grand-mère, j'aime à penser comme le dit le Dalaï-Lama que toutes les spiritualités sont autant de sentiers vers le sommet d'une même montagne. Ma foi me porte chaque jour. C'est elle qui me conduit à oser le grand saut vers une reconversion professionnelle à l'aube de mes 40 ans, dans la confiance du cœur, au service du bien commun. C'est dans la grâce de cet abandon à ce qui nous dépasse que j'ai choisi d'accompagner. 

 

Alors, quel métier pour accompagner la fin de vie ? Les obsèques ? Le deuil ? J’ai commencé par me former au bénévolat d’accompagnement, j’ai échangé avec des soignants palliatifs, des aumôniers d’hôpitaux pour enfin découvrir le métier de Thanadoula. Une évidence ! C’est dans cette dimension du sacré, de l’espérance, dans cet espace créatif et aimant de l’accompagnement que mon projet allait s’inscrire. Je me suis formée une année durant avec Marie-Christine Laville à l’Institut Deuils-doula de fin de vie, à Besançon. Des enseignements théoriques, mais aussi un déploiement du savoir-être qui est en nous et nous conduit à trouver la Doula que nous sommes déjà. J’y ai découvert une « famille d’âmes », ces femmes lumineuses animées, elles aussi, par l’élan du cœur.

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Enfin, il y a eu ma rencontre avec la Cellule d'animation régionale de soins palliatifs, portée par l'APSP (Association pour les soins palliatifs) dont la mission est de développer, soutenir et promouvoir les soins palliatifs en région PACA. J'ai rejoint l'équipe en juillet 2024 à mi-temps, comme chargée de communication et projets, et suis heureuse à ce jour de m'épanouir à travers deux activités qui m'animent profondément et se répondent.

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Il y a tout à imaginer, créer, déployer... C'est parti !​